mardi 29 novembre 2011

Salar d'Uyuni


Dimanche 13 Novembre 2011:

Rendez-vous à 7h45 devant l'hôtel, un minibus passe nous prendre car nous sommes « loin » de l'agence (plus de 5 minutes à pied... pour l'agence c'est le critère pour une longue distance).
Nous arrivons quelques minutes après au centre ville et nous comprenons immédiatement que nous ne serons pas seuls pendant ce voyage. En effet, une bonne quarantaine de personnes attendent d'être réparties dans les minibus pour se rendre au poste frontière.
Au final nous sommes 16 personnes à voyager ensemble. D'abord dans un minibus puis nous serons repartis dans trois 4X4 du côté Bolivien.

Le premier poste frontière (pour sortir du Chili) est situé dans la ville. Les douaniers ne voulaient certainement pas passer leurs journées à 3700m d'altitude au milieu du désert...
En file indienne, dans la rue, les touristes que nous sommes attendent patiemment leur tour au milieu des camions transportant des voitures qui traversent la frontière. Et des voitures il y en a pour tous les goûts : des neuves, des veilles, des cassées, des pièces de collections …. Il paraît que beaucoup de voitures volées au Chili et en Argentine arrivent en Bolivie. Combien de voitures volées avons nous sous les yeux ? Mystère...

Paf ! Le douaniers appose le tampon de sortie du territoire Chilien. C'est notre 4ème rien que pour le Chili à cause de notre passage rapide en Terre de Feu. Bon c'est toujours 2 tampons de moins que l'Argentine !!!
Nous remontons dans le bus direction la frontière bolivienne. 1H30 de montée en zig-zag pour rejoindre l'altiplano. Quand nous atteignons la frontière l'altitude se fait déjà sentir, il va falloir s'acclimater.
Le passage de frontière bolivienne est beaucoup plus laxiste. Le douanier regarde à peine si les photos des passeports correspondent à la personne. Tant mieux pour nous, c'est beaucoup plus rapide et en dix minutes nous sommes prêt à être répartis dans les 4X4. Après un petit dej bien sur !

Nous nous retrouvons avec Francis, Alessandra (Italienne), Nora et Helen (2 Suisses). Une voiture 100% européenne donc, sauf le chauffeur qui ne parle pas un mot d'anglais mais qui semble très sympa.
Deux autres groupes de 5 embarquent dans deux autres voitures : 2 Néo-zélandais (qui ont admis que la finale de la coupe du monde aurait dû être française donc tout va bien !) et 3 Australiennes dans la première et 2 Espagnols, 2 Canadiens et 1 Allemande dans la seconde. Un groupe venu de tout horizon !


Première étape sur la route : la laguna verde (prononcez : « verdé »). Elle s'appelle ainsi car l'arsenic contenu dans le sol lui donne une couleur verte. Vous vous en doutez, l'eau est très toxique et aucun animal ne vient se baigner ici même si l'eau est chaude.
Il faut savoir que les Andes sont une chaîne de montagnes volcaniques (la plus grande chaîne de montagne au monde et la deuxième plus haute derrière l'Himalaya) qui constituent une partie de la « ceinture de feu » du Pacifique. Voilà pourquoi la plupart des lagunes et des sources sont chaudes.

Et d'ailleurs notre deuxième arrêt est une source d'eau chaude où l'on peut se baigner ! Une petite piscine extérieure à été construite et l'eau avoisine les 35°. Nous devons avouer que c'est quand même un bonheur de se baigner à 4000m d'altitude au milieu d'étendues désertique avec une vue imprenable sur les volcans alentours.


A quelques kilomètres de là, nous rencontrons un autre phénomène volcanique : les geysers.
Bon ce ne sont pas des gros geysers qui crachent de l'eau mais plutôt plein de petits trous dans le sol d'où s'échappe de la vapeur et qui dégagent une forte odeur de souffre. Il y a aussi des bassins de boue toxique de toutes tailles qui bouillonnent plus ou moins avec la chaleur. Notre chauffeur nous a dit de faire attention à ne pas tomber dedans et nous pensons qu'il a raison !

Nous reprenons la route direction notre hôtel du soir situé en face de la laguna colorada que nous verrons demain matin. Il est 15h30 et nous avons (enfin) un déjeuner ! L'altitude, ça creuse, vraiment.
Le reste de l'après-midi, nous avons quartier libre. Les agences ont prévu un temps de repos au cas où des gens ne se sentent pas bien avec l'altitude car nous sommes à 3700m et nous sommes passés à plus de 4700m aujourd'hui. Pour nous tout va bien (à part un léger mal de crâne), même pas besoin de mâcher de la coca (nous reviendrons sur cette plante dans un autre article). Nous partons donc avec Francis marcher un peu et nous rencontrons des lamas ! Avec les vigognes (une autre espèce de lama plus petite) ce sont les principaux habitants de l'altiplano. Il y a beaucoup de vent aujourd'hui, nous rentrons donc à l'hôtel pour lire un peu, discuter avec les autres et boire un thé.


Après un petit dîner sommaire (saucisse/purée), nous nous couchons tôt dans nos duvets car la nuit est très froide et l'agence nous a dit que les couvertures fournies ne suffisaient pas. Et ils avaient raison !

Lundi 14 Novembre 2011 :

Lendemain petit déjeuner 6h30 départ 7h15. Pas d'eau chaude donc pas de douche (nous le savions) forcément ça raccourcit le temps nécessaire pour se préparer.
Nous remontons les sacs sur le toit de la voiture, le chauffeur les enroule dans une bâche pour éviter qu'ils prennent la poussière, et nous voilà partis pour la laguna colorada.

Première question : Pourquoi s'appelle-t-elle « colorada » alors qu'elle est rouge ? Pourquoi pas laguna roja (rouge) ? En fait c'est très simple, elle change de couleur. Ou plutôt elle perd sa couleur rouge la nuit. Quand nous arrivons, elle commence à reprendre sa couleur rouge sang. Et c'est drôle il y a des taches roses sur la lagune... Et en plus elle bougent ! Tiens il y en a même une qui s'envole... Une petite idée ? Des flamants roses bien sur ! Et il y en a un bon nombre ! Ils se nourrissent de petits crustacés qui recouvrent le fond de la lagune.
Des flamants roses sur un fond rouge sang... c'est vraiment un spectacle fascinant. Sûrement une des plus belles visions du voyage pour le moment.


Aujourd'hui c'est la journée des lagunes ! En plus de la laguna colorada, nous croisons la laguna blanca, la laguna honoa et deux autres dont nous n'avons plus les noms! Toutes ont leur lot de flamants roses et c'est vraiment superbe de voir le vol de ces magnifiques oiseaux.

                

Nous nous arrêtons aussi dans un champ de pierres volcaniques avec une vue imprenable sur le seul volcan encore actif de la région : le Utucunru qui culmine à 6008m.
Non loin de là se trouve aussi l'un des points forts du trajet, le célèbre arbre de pierre !


Nous nous rendons ensuite dans un village où nous achetons une bouteille de vin rouge (Casillero del Diablo !) pour ce soir, car la bière et le whisky bolivien (nous y reviendrons aussi) sont fortement déconseillés en altitude, et nous reprenons la route direction un hôtel de sel en bordure du fameux Salar d'Uyuni.
Le concept est fascinant, tout l'hôtel (sauf les sanitaires) est construit en brique de sel et du gros sel sert de moquette ! Les tables, les chaises, les lits (un matelas est quand même posé dessus), les murs... tout en sel. Pratique pour assaisonner les plats du soir ! Et pour la petite histoire, il n'y avait effectivement pas de sel à table... un comble non ?
Pour demain, nous avons deux options : Réveil 4h30 pour voir le lever du soleil sur le salar ou lever 7h. Pour la première, il faut que les 16 personnes soient d'accord car les voitures doivent se suivre. Mais comme notre groupe est vraiment génial, la première option est votée !

Mardi 15 Novembre 2011 :

Départ 5h00. Nous sommes tous un peu endormis sauf le chauffeur (heureusement). Les premières lueurs du soleil pointent à l'horizon mais nous avons encore un peu de temps pour nous rendre au salar. La voiture quitte la piste en terre et continue tout droit à travers un mélange de sel et de terre. Le désert de sel n'est pas loin. 30 minutes plus tard le chauffeur s'arrête, nous mettons le pied sur un surface lisse et dense : le salar ! Enfin ! Nous regardons autour de nous et seules quelques montagnes au loin viennent briser cette étendue blanche parfaitement plane.
Le soleil se lève et projète des ombres incroyablement grandes sur le sol. C'est l'heure pour les premières photos.

 

Mais pourquoi une telle quantité de sel s'est retrouvée ici ? Pour comprendre il faut remonter 40 000 ans en arrière. A l'époque un lac d'eau salée se trouvait ici, enfin une partie d'un lac géant, le Lago Minchin. Celui-ci a fini par s'assécher et le sel s'est déposé sur le sol pour former la plus grande surface plane de la planète (12 500 km) et, vous l'aurez compris, le plus grand désert de sel.
Le salar d'Uyuni est aussi une formidable ressource économique pour le pays car il attire non seulement de plus en plus de touristes chaque année mais il est aussi la plus grande réserve mondiale de lithium.
Ce composant que l'on retrouve dans la majorités de nos batteries d'appareils électroniques est pressenti pour être le prochain « or gris » et de nombreuses compagnies étrangères ont tenté de s'implanter en Bolivie pour extraire ce minerai. Mais depuis 2009 le gouvernement Bolivien a nationalisé les ressources naturelles du pays en inscrivant cette règle dans la constitution : « les ressources naturelles du pays sont la propriété du peuple bolivien et seront exploitées en fonction de l'intérêt collectif ». Une réforme qui devrait éviter un pillage qui ne profiterait pas au pays. Du moins pour un temps car la Bolivie traine à lancer sa production et commence à demander de l'aide à certaines entreprises étrangères. Si vous souhaitez en savoir plus, internet regorge d'articles/reportages qui expliquent très bien les enjeux de ce minerai.

Après le lever de soleil, nous reprenons la route direction l'île des pêcheurs. C'est en fait une formation rocheuse qui se situe en plein milieu du salar et qui donne vraiment l'impression d'être une île perdue dans cette immensité blanche. Ceci dit elle devient vraiment une île quand l'eau recouvre le salar (de Décembre à Mars) avec la saison des pluies. A cette occasion, le salar devient « le plus grand miroir du monde » (citation de l'office du tourisme Bolivien, regardez des photos sur internet, c'est vraiment splendide).
Après 1h30 de « route » en direction de l'île, nous y arrivons enfin. La sensation dans la voiture fût étrange. Voir cette île au loin et rouler tout droit pendant plus d'une heure sans avoir l'impression que celle-ci se rapproche.... Nous perdons vraiment tout repère de distance.
L'île est recouverte de cactus géants. Ceux-ci ne poussent que d'un centimètre par an et certains atteignent les 20m. Une idée de l'âge ? ;)


Un chemin a été aménagé sur l'île pour grimper au sommet. Après quelques minutes de marche nous nous apercevons que les cailloux sont étranges.... et à bien y regarder, ils ressemblent fortement à des coraux ! C'est quand même dingue ! Des fossiles de coraux à 3600m d'altitude ! Un autre signe de la présence d'eau salée il y a des siècles (comme si les 10 milliards de tonnes de sel ne suffisaient pas...).


Le chauffeur nous emmène ensuite en plein milieu du salar pour une séance photo ! Les fameuses photos où l'on joue avec la distance. Plus qu'un long discours voici un échantillon :

         


1h30 plus tard nous continuons vers l'ancien hôtel de sel au milieu du salar. Rien de très intéressant à voir cependant. Puis nous arrivons dans une exploitation de sel (destiné à la consommation). La vison est sympathique mais on sent vraiment le côté touristique... La moindre photo de travailleur se négocie à coût de Bolivianos. Nous ne prendrons donc que le paysage (un ouvrier a même tenté de négocier la photo du vélo...).



Nous repartons ensuite pour un petit repas puis direction un cimetière de locomotives. L'endroit est assez impressionnant juste après la ville d'Uyuni, rempli de vieilles locomotives et de wagons rouillés. Uyuni était un centre important en matière de transport ferroviaire du fait de sa proximité avec le Chili, l'Argentine et la mine d'argent de Potosi. Mais avec le différent entre la Bolivie et le Chili (la Bolivie demande un accès à la mer), la ligne est presque à l'abandon. Un seul train de marchandises par jour traverse désormais la frontière sur une voie ferrée qui coupe tout droit dans le salar.
Les anciennes machines ne servant plus, elles ont été entassées à la sortie d'Uyuni dans une voie de garage. Le sel et les pillards de métal ont fini de les achever.

   


Un seul regret, le paysage est entièrement couvert de sacs plastiques. Le gouvernement Bolivien refuse de financer une décharge à la ville depuis plusieurs années et les vents, parfois violents, entrainent les déchets sur des kilomètres.

Nous arrivons enfin à Uyuni ! Le voyage fût long, beaucoup de voiture, mais absolument magique. C'est vraiment une excursion à ne pas rater si vous visitez la région ! Nous dormirons ce soir à Uyuni avant de prendre un bus pour Potosi demain en compagnie d'Alessandra et Valeria. Francis quand à lui repart pour San Pedro de Atacama.

8 commentaires:

  1. très sympas les photos prises sur le salar!!!

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  2. Quel plaisir de vous lire et de regarder toutes ces magnifiques photos ! elles sont vraiment extra, trop cool le saut de Julien !!! Bisous à vous 2.

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  3. Et bien, c'est métissé comme compagnie. Les photos sont vraiment splendides, quelle chance vous avez de voir tout ça.
    Bisous.

    p.s: une bouteille de vin Julien, vraiment?

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  4. On pourra gagner un bout de locomotive au prochain quizz ?

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  5. OLALA MY GOD !!! Qu'est ce que c'est dépaysant !!
    J'adore les photos de vous deux :))

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  6. Magnifiques paysages, belles étendues, VOUS VENDEZ DU RÊVE !!!
    Mais je trouve que les photos sont un petit peu trop salé à mon goût. :D

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