Une des villes les plus hautes du monde
(4070 mètres d'altitude), elle est construite au pied du Cerro Rico
(la montagne riche), nom venant des mines d'argent trouvées dans la
montagne. Nous y arrivons avec Valeria et Alessandra, que nous avons
rencontrées dans le salar.
Jeudi 17 Novembre 2011:
Aujourd'hui, nous visitons une mine de
Potosi. Les mines dans le Cerro Rico sont exploitées par des
coopératives de mineurs et sont plus de 150.
La veille, nous avons vu un film « El
Minero del Diablo » (la mine du diable), retraçant la vie d'un
jeune garçon de 14 ans travaillant dans la mine depuis ses 10 ans.
Orphelin de père et devant être soutien de famille pour aider sa
mère à nourrir son petit frère et sa petite soeur, il n'avait pas
un grand nombre de solutions et dans ce cas là, c'est la mine. Ce
film, plusieurs fois primé, est très intéressant même si dur et
l'on se rend bien compte du fossé entre nos avantages et la
protection sociale que nous avons et leur système.
Nous partons avec un groupe de onze
personnes et sommes accompagnés par deux guides, Johnny et David,
qui travaillent toujours dans la mine.
Nous sommes d'abord équipés:
sur-pantalon, veste, bottes, sac et lampe puis nous partons pour un
premier arrêt dans un magasin du marché des mineurs, lieu où se
vend tout ce dont ont besoin les mineurs: feuilles de coca, gants,
jus de fruit, dynamite, cigarettes et alcool. L'alcool est le fameux
whisky bolivien, c'est une boisson à 96° (oui, à ce niveau là
c'est un désinfectant). Nous l'avons essayé pur et c'est quelque
chose.
Nous décidons d'acheter des feuilles
de coca (unique alimentation des mineurs dans la mine), des gants et
du jus de fruit. Il s'agit de cadeaux pour les mineurs que nous
rencontrerons.
Nos guides nous expliquent le
fonctionnement des mines, elles fonctionnent sous forme de
coopératives ce qui fait que les mineurs doivent acheter eux-mêmes le matériel avec lequel ils travaillent. Cela explique les
conditions très rustiques de travail, chariots poussés à la main,
creuser la roche sans masque anti-poussière …. De même les
mineurs gagnent leur salaire en fonction de la quantité et de la
qualité du minerai qu'ils extraient et n'ont donc pas de jours de
travail ou d'horaires fixes.
Quand nous pénétrons dans la mine,
nous découvrons cet univers particulier où il faut se baisser très
régulièrement afin d'éviter les poutres au plafond, se cacher dans
un coin pour éviter les chariots et lorsque nous levons la tête,
nous découvrons de belles stalactites vertes, du cyanure nous dit
notre guide.
Après une bonne demi-heure, nous
rencontrons un chef d'équipe au fond de la mine, Pablo. Pablo est
assez fort et nous nous demandons comment il a fait pour arriver
jusque là car nous avons dû nous glisser dans un petit trou pour
monter à ce niveau. D'ailleurs, la visite est fortement déconseillée
à toute personne claustrophobe.
Pablo nous explique qu'il travaille là
depuis plus de 30 ans, il a une cinquantaine d'années et deux de ses
fils travaillent avec lui. Ils peuvent passer 8, 10, 12, 20 heures
dans la mine en ne se nourrissent que de feuilles de coca qu'ils
mâchent, en fumant des cigarettes et en buvant du whisky bolivien.
D'ailleurs nos guides nous montrent le rituel pour boire ce fameux
alcool dans la mine. Tout d'abord, ils font un cocktail, moitié
whisky moitié jus de pêche dans une bouteille puis chacun s'en
verse dans un petit récipient. Avant de boire il faut faire une
série d'offrandes (un peu d'alcool répandu au sol) pour Pachamama
(la terre mère, la montagne), pour les mineurs, pour le Tio (dieu de
la mine), pour le groupe et pour toute personne qu'on souhaite
ajouter et très important, il faut dire « Salud » avant
de boire! Si on ne dit pas salud, on a l'obligation de recommencer!
Bizarrement nos offrandes et celles des mineurs n'ont pas les même
proportions, nous versons beaucoup plus d'alcool au sol qu'eux!!
Après cette petite pause hydratation,
les mineurs nous montrent comment ils extraient le minerai. Ils
utilisent une sorte de marteau piqueur électrique afin de casser la
roche, cela produit énormément de poussière et leurs masques sont
assez rudimentaires. Julien s'y essaie et trouve l'engin très lourd,
il faut savoir qu'ils peuvent avoir à le porter plus d'une heure
d'affilée.
Nous repartons ensuite et notre guide
nous fait une démonstration de l'usage de la dynamite. Après avoir
assemblé sa charge, il nous fait éteindre nos lampes et part
l'installer plus loin (après l'avoir allumée près de nous et être
resté quelques instants à bavarder!!). Quand la détonation se
produit, cela fait un bruit énorme!
Pour finir, nous allons voir le Tio,
dieu de la mine mais qui est en fait plus une incarnation du diable.
Chaque mine a son Tio sculpté auquel les mineurs font des offrandes
(feuilles de coca, cigarettes, alcool) afin qu'il les protège des
accidents et leur fasse trouver de bons filons. A la base, le Tio est
un dieu fabriqué par les espagnols afin de motiver les indiens à
travailler dedans. Les espagnols l'appelaient Dio (Dieu), or dans le
langage Quecha, le son « d » n'existe pas, du coup ils
l'ont appellé « Tio ».
Le Tio a également un pénis en
érection que les mineurs touchent en buvant de l'alcool afin d'avoir
des enfants. Le guide demande à Valeria de le toucher pour lui
porter chance et quand elle le fait, elle casse le pénis du Tio!!
Heureusement le guide n'a pas l'air d'être trop scandalisé mais dit
à Valeria que c'est de la malchance pour elle!
C'est ainsi que notre visite se termine
et nous sommes assez contents de sortir de cet univers très renfermé
et dangereux (de nombreux mineurs meurent chaque année dans la mine,
d'ailleurs il y en a eu deux durant la semaine où nous sommes passés
à Potosi. La légende dit que plus de 8 millions de mineurs ont
trouvé la mort à cause de la mine. C'est possible si l'on compte
les morts dues au maladies (principalement la silicose)). Nous y
avons passé deux heures, dire qu'eux y restent tellement plus.
Après cette visite et une bonne
douche, nous allons boire un verre avec nos guides et une partie du
groupe. Ils nous emmènent dans un bar/restaurant où les mineurs
vont. Nous commandons des bières et apprenons que chez les mineurs,
il faut commander les bières par deux et que dès qu'un verre est
vide, il faut le remplir! Autant dire que l'on ne boit pas son verre
cul sec!!
Nous goutons également à un plat
typique bolivien: viande, riz, pommes de terre avec une sauce au peu
piquante et c'est très bon.
Vendredi 18 Novembre 2011:
Avant de partir pour Sucre (prononcez
soucré), nous décidons d'aller à une lagune d'eau chaude à
l'extérieure de la ville.
Nous prenons donc un bus dans le centre
ville. Ici les bus ont un fonctionnement un peu particulier, ils
n'ont pas d'horaire de départ mais partent une fois rempli!
Cette lagune se trouve à 1/2h de bus
de la ville plus une vingtaine de minutes de marche en montée (et à
4000 mètres, on les sent passer les minutes). Mais elle vaut
vraiment le détour. La lagune est très grande (30 mètres de
diamètre) et peu fréquentée. Durant notre baignade pendant
1h-1h1/2, nous n'avons vu que deux autres couples de touristes! Par
contre, il y avait plusieurs familles boliviennes venues
pique-niquer.
Durant le retour, nous rencontrons un
couple d'anglais Ash et Abida qui visitent la Bolivie et souhaitent
faire le Huyuana Potosi, un sommet de 6000 mètres, l'un des plus
accessibles au monde, que Julien veut lui aussi gravir. Nous décidons
donc de nous retrouver à Sucre puis La Paz pour envisager ce projet.
Alors la déco de la mine est à revoir! Du cyanure? On dirait plutôt moisissures et stalactites version crottes de nez, à moins que vous n'ayez mis la main sur de la kryptonite...
RépondreSupprimerValéria a-t-elle pu repartir avec l'objet phallique en guise de souvenir? ^^
La lagune à l'air chouette mais je vois poindre au loin les coups de soleil !
Ps: Julien je savais que tu étais fan d'Indochine =)
Et soudain surgit face au vent
RépondreSupprimerLe vrai héros de tous les temps
Julien Fevre contre tout chacal
L'aventurier contre tout guerrier
c'étais plus fort que moi ^^
la suite prochainement sur g+ ...
C'est très impressionnant et très intéressant
RépondreSupprimerTrès impressionnant! Il me faudrait une bonne dose de whisky bolivien pour oser entrer dans la mine... Trop dangereux! (les deux options : entrer et boire). Bravo pour la qualité de tous vos articles et la beauté de vos photos, c'est toujours un plaisir quand on ouvre le blog de découvrir et de voyager un peu avec vous.
RépondreSupprimerBon courage pour la suite du voyage. Rendez-vous au prochain épisode pour de nouvelles aventures.
J'ai de plus en plus de plaisir à vous lire et ainsi vous accompagner dans toutes vos péripéties.
RépondreSupprimerSur votre dernière photo, j'ai l'impression de voir deux stars au bord de la mer - cela fait plaisir de vous imaginer ainsi, loin de nous mais tout proches également.
Hey =)
RépondreSupprimerBon anniversaire Juju !
Celui là restera mémorable j'en suis sûr
Merci pour ce voyage illustré (on est fans des photos sur le lac salé ^^) et bravo pour les commentaires ! Si c'est sans doute parfois un peu fastidieux à poster, sachez qu'on apprécie particulièrement vos commentaires.
Bises
PS : Julien, il est fort possible que les filles de Florent & Laurène pointent le bout de leurs frimousses aujourd'hui !!
Aujourd'hui 25 décembre 2011, je ne voulais pas laisser passer ce jour sans vous assurer de nos pensées les plus chaleureuses.
RépondreSupprimerBien à vous,
Tilda et moi vous embrasse tous les deux.
Et voilà qu'est-ce que je disais encore de l'alcool et pas n'importe quoi, du 96° s'il vous plaît ! Je t'avais prévenu Aurore, Julien va devenir alcolo et toi aussi ! Une montagne de 6000 mètres à faire ? Pas de soucis avec Julien, suffit d'avoir une bonne réserve de whisky bolivien et ça passe comme sur des roulettes ! :D
RépondreSupprimerBon sinon se retrouver avec du cyanure à 2 mètres de soi c'est un peu risqué. Après ça dépend de quel cyanure il s'agit. Si c'est du cyanure de potassium c'est la mort assuré si vous en ingéré ne serait-ce que quelques grammes. En revanche si c'est un ferrocyanure il y a pas de problème. Ils sont utilisés pour les additifs, vous savez les fameux E456, E845, E122, etc qu'il y a dans les produits alimentaires. Et sinon chacha c'est effectivement des moisissures que tu vois sur la photo, le cyanure peut être produits par pas mal de choses dont les bactéries et les moisissures justement. C'est ce qui donne cet aspect vert.
Si je vais visiter cette mine, au lieu de leur offrir des gants je leur fournirai des masques papier pour qu'ils évitent de trop respirer la poussière.